Du « préfab » pour affronter la crise ? Oui, oui et oui

Ottawa a sorti des boules à mites une mesure d’après-guerre pour s’attaquer à la crise du logement et je dis : bravo.

C’est exactement la mentalité à adopter en ce moment. Voir la pénurie d’habitations comme un ennemi à abattre, et utiliser toutes les munitions disponibles pour l’affronter.

Même si elles datent des années 40.

Le gouvernement fédéral, donc, entend mettre à la disposition des constructeurs un « catalogue » de plans de maisons et d’immeubles multirésidentiels, clés en main. Cette mesure est inspirée d’un programme lancé au sortir de la Seconde Guerre mondiale, qui avait permis d’ériger des dizaines de milliers d’habitations pour loger les vétérans.

On voit encore ces petits bungalows dressés fièrement dans plusieurs villes, entre autres à Montréal, près du Stade olympique.

Le nouveau plan fédéral pourrait avoir l’air d’une gimmick, surtout si l’on regarde les images du ministre du Logement, Sean Fraser, qui a brandi un vieux catalogue devant les caméras pour annoncer le projet plus tôt cette semaine.

Mais c’est loin d’être un coup d’éclat insignifiant, selon moi.

La standardisation des façons de construire sera une manière très concrète d’accélérer les mises en chantier – et aussi, facteur crucial, l’accès à des fonds fédéraux pour bien des constructeurs.

Il faut reconnaître le mérite du gouvernement de Justin Trudeau : il a ouvert à fond les vannes pour financer l’habitation ces dernières années. Sa Stratégie nationale sur le logement totalise 82 milliards de dollars. Il y a là-dedans des prêts à faible taux pour financer la construction, des subventions pour le logement abordable et des aides à la rénovation.

Dans les faits, il y a plus de demande que d’argent disponible. Les promoteurs privés, les OBNL et tout ce que le pays compte de coopératives se battent pour obtenir des fonds fédéraux. Les délais s’allongent pour l’analyse des dossiers à la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

Pour pouvoir se qualifier pour les programmes de la SCHL, les constructeurs en tout genre doivent répondre à plusieurs critères très stricts, entre autres en matière d’efficacité énergétique.

C’est là que le plan fédéral devient doublement intéressant. Le « catalogue » ne contiendra que des plans d’immeubles « préapprouvés » par la SCHL. Ceux qui les utiliseront pourront se qualifier beaucoup plus vite pour divers programmes de financement, m’a expliqué en entrevue le ministre Sean Fraser.

Ce seront donc deux étapes longues et fastidieuses qui seront escamotées d’un seul coup : celle de concevoir des plans d’architecte à fort prix (ils seront déjà fournis), et celle de naviguer dans les méandres de la SCHL pour se qualifier pour des aides financières.

L’objectif d’Ottawa est que les provinces et les villes facilitent à leur tour la délivrance des permis de construction pour les habitations qui seront issues du « catalogue », ce qui viendrait réduire encore davantage les délais pour le démarrage des chantiers.

Moins de bureaucratie et plus de logements : excellent, du moins sur papier.

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